L'occupation française en Allemagne après 1945

Les débuts de la recherche scientifique à base d’archives sur l’occupation française en Allemagne, dans les années 1980, ont montré très rapidement que la politique française ne constituait pas une pure politique d’exploitation et de revanche – telle qu’elle était souvent perçue depuis le conflictuel après-guerre –, mais qu’il s’agissait davantage d’une tentative complexe et souvent contradictoire pour établir les relations entre les deux pays sur de nouvelles bases. La garantie de la sécurité de la France ne devait plus se fonder unilatéralement sur des mesures militaires et économiques, mais s’accompagner d’une vaste politique dite de « démocratisation » de la politique et de la société allemandes. L’émergence de structures d’interdépendance entre les deux pays correspondait aux intérêts français et devait – pas toujours intentionnellement – à moyen et long terme former les bases du futur couple franco-allemand, bases que le Traité de l’Élysée entérina en 1963.

La Chaire d’histoire contemporaine et du temps présent poursuit les recherches commencées par Rainer Hudemann sous forme d’une étude de cas sur la Politique sociale dans les zones de l'Allemagne du Sud-Ouest 1945–1953 (paru en 1988), première analyse à base d’archives de l’ensemble du système politique de l’occupation. Les projets de recherche analysent ses dimensions politiques, culturelles, mentales, socioculturelles et économiques, dans une perspective de comparaison entre les différentes zones et à l’échelle européenne. Ils accordent une attention particulière aux origines des stéréotypes de la mémoire dans les techniques économiques et politico-financières du « Troisième Reich », imputées à tort aux Alliés après 1945, ainsi qu’à la formation des structures qui ont, par-delà des intentions et des textes, contribué à l’émergence de réseaux transnationaux dans l’Europe de l’après-guerre.

Les publications sur la politique française en Allemagne ont fait ressortir une politique d’occupation souvent différenciée et résolument orientée vers le futur, qui fut dans les domaines sociopolitiques souvent bien plus déterminée et innovatrice que celle de ses partenaires alliés de l’Ouest. En même temps, elle restait marquée par des conflits intérieurs et devait tenir compte de l’attitude de l’opinion publique en France, longtemps majoritairement hostile à un rapprochement.

Cette « double politique allemande » (Dietmar Hüser) de la France constitue également la toile de fond de la position française vis-à-vis du statut international et de l’évolution intérieure de la Sarre au XXe siècle, les deux domaines de recherche se complétant ainsi mutuellement.

Plusieurs projets particuliers et thèses, achevés ou en cours, portent également sur ces thèmes et des domaines voisins.

L'Allemagne et la France aux XIXe et XXe siècles
Les processus d'urbanisation en Europe
L'occupation française en Allemagne après 1945
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Les évacuations dans l’espace frontalier franco-allemand pendant la Seconde Guerre mondiale